On arrive au centre-ville de Dakar. Je reconnais les rues que nous avions arpentées il y a quelques jours. On passe devant le restaurant ou Frantz n’a pas aimé le poulet. Il y a plusieurs magasins de souvenirs et également des vendeurs ambulants sur le trottoir qui viennent proposer des petits objets à 500F .
On rentre dans un magasin, le match a déjà commencé. Il y a plein de gens devant une télé, c’est encore 0-0. Je choisis quelques T-shirt.
- C’est combien?
- 30 000F pour toi je le fais à 25 000F .
Diagne s’énerve on s’en va. Le type nous arrête, il nous demande de fixer un prix. Je dis 5000! Il dit Ok on peut partir. On change de magasin. Depuis Gorée, j’avais compris qu’on doit diviser les prix par cinq ou par quatre.
Donc 5000 c’est trop bas. On va donc changer de magasin et choisir les mêmes articles. Une marchande ambulante me propose un porte-clés pour 500F , elle ne me lâche pas. OK OK en sortant. On rentre dans un autre magasin, je me mets à coté d’une cliente. Je veux entendre la négociation, heureusement que les prix sont dit en français. Le vendeur remarque ma stratégie, il attire la cliente à l’autre bout du magasin.
Je choisi sensiblement les mêmes articles, le type nous demande 25 000F . Diagne engage une discussion avec eux. Il me dit 6500F . Je paie et on sort. Il me dit que les types lui ont proposé de garder le prix élevé afin de revenir chercher sa commission après !
De toute façon, on avait compris. Je rentre dans une ruelle, Frantz cherche une petite robe pour sa fille. Je vois un petit costume pour Matteo.
-C’est combien 7000
- je n’ai que 1000
-Oh non ! 5000 !
- 1000 !
- 3000 !
- Non 1000
- 2000
- Non 1000
-Fais un effort 1500 je te le donne
- OK 1500F
Je dis à Frantz de ne pas lâcher et de garder son prix jusqu’au bout.
Malheureusement je n’ai plus de franc. Je dois changer 20$, le taux est de 450F pout 1 dollar. Le type veut m’en donner 300 ! Il est fou. Je dis à la marchande si je n’achète pas ce n’est pas de ma faute, je ne peux pas changer les dollars, il est déjà 19h00 et les banques sont fermées même les marchandes sont entrain de quitter le centre-ville. Finalement, un type accepte de donner 8000F pour les 20$. Bon OK j’accepte. On doit partir.
J’appelle Ibrahim, pour lui demander son adresse. Je passe le téléphone à Diagne. Il est chez son ami entrain de regarder le match, Place de l’Indépendance. Arrivé à la Place, je l’appelle. Il me dit de monter, je monte je ne le vois pas.
J’appelle
-On est au 6eme devant l’ascenseur tu es où ?
-je suis au 6eme, je ne te vois pas.
- J’ai du prendre une autre porte alors.
-Ok descend je te rejoins sur le trottoir.
En effet, on avait pris une autre porte. Ibrahim, est la à 20m. Ca fait au moins 12 ans qu’on ne s’est pas vu.
« Jean Ronel konpa konpa konpa ! J’ai pas oublié»
On s’est parlé quelques fois au téléphone pendant que j’étais aux USA mais…
Barcelone vient de marquer un 3eme but !
On monte dans l’appart de l’ami d’Ibrahim, Tamsir. Au lieu de monter les bagages, on va juste les mettre dans la voiture. Frantz s’est déjà installé devant la télé pour suivre la fin du match. Je lui ai dit qu’il faut descendre pour saluer Diagne.
On dit au revoir a Diagne et je lui file un billet, il me dit que ce n’était pas la peine. Je lui ai dit qu’il nous a beaucoup aidé.
On remonte dans l’appart de Tamsir. Il a lui aussi étudié au Canada, mais pas à Montréal. Il est revenu au Sénégal et par la suite il a changé de vocation il est devenu un cuisinier et a ouvert un restaurant.
Il reste 10 minutes avant la fin du match. Tamsir va nous chercher une bière !
Wow je pensais que la bière était en voie de disparition dans ce pays. Mais non, la Gazelle est brassée au Sénégal. Et puis on n’en trouve pas à Mekhe ! Bon ma logique doit être différente.
Tamsir me demande comment je trouve le Sénégal, je lui donne l’adresse du blog. Il va jeter un coup d’œil, il regarde vite vite. Il a sauvegarde le lien pour y retourner plus tard.
Le match se termine enfin, Barcelone est championne, 3-1. Joie chez les Catalans et larmes chez les British. On quitte l’appart pour aller au restaurant. La voiture d’Ibrahim est garée là-bas, on monte donc les 4 dans la voiture de Tamsir. Le Big Five est un restaurant branché situé dans une petite rue au centre-ville. Comme en Haïti, on dirait qu’il s’agit d’une maison qui a été transformée en restaurant. On rentre, il y a un bar avec des dizaines de bouteilles d’alcool. Le Prophète n’est pas passé au Big Five on dirait.
On s’installe dans la cour, dans la section fumeurs. Il y a des jeunes gens branchés qui dinent, ont dirait que tout le monde se connait. Il y a aussi un couple de français qui dinent. On s’installe et une serveuse nous amène un menu. Wow c’est tellement différent du « comme d’habitude » de Mekhe. On a un vrai menu, je prends du poisson. Et un verre de ti-ponch.
La serveuse arrive avec les boissons, mon ti-ponch est blanc ! Je demande des explications à Tamsir, il me dit qu’il met du sirop de canne blanc ! Ah bon jamais entendu parler de ca.
Stephan m’avait dit qu’Ibrahim était devenu prof de yoga. Alors il me raconte qu’il avait suivi un cours avec une brésilienne et depuis lors, il est devenu accroc. Depuis plus de 10 ans. Il a même été rencontré des grands maitres en Inde. Ingénierie appliquée yoga.
C’est quoi le plan pour la soirée ?
Tamsir qui avait lu le passage dans la boite à Mekhe (et leur façon de danser) nous dit que c’est dommage qu’on part dans quelques heures parce que le dimanche soir, il y a une soirée capverdienne avec beaucoup de zouk, il nous aurait amené. Il nous dit que les Capverdiens dansent plus comme les Haïtiens. Je n’ai jamais dansé du cabolove. Danser du cabolove à Dakar, c’aurait été intéressant. Une prochaine fois j’espère.
Ibrahim part à 8h pour New York. Il ne peut donc sortir avec nous, il a certaines obligations à remplir…Il nous laisse avec Tamsir. On est en de bonne main.
La serveuse nous amène les plats. Un succulent poisson avec une sauce avec des tomates. Je vous dis que ca change de Mekhe.
Un autre copain vient nous rejoindre à la table. On discute de mon passage et de mon blog. Je raconte, mon passage a Touba. Ibrahim me dit que je n’ai rien vu, et qu’il existe même un certain niveau de fanatisme dans cette ville. C’est dangereux de critiquer la religion là-bas. Des fois, les fidèles soulèvent la Mercédès du marabout pour qu’elle ne roule pas ! Il voit que je n’ai pas changé et que je suis toujours aussi « peu diplomate ». Il me dit qu’il va lire le blog dans ce cas !
Il doit partir. Tamsir va nous amener à l’aéroport vers 3h. On le raccompagne à sa voiture.
- OK mec, bon voyage
- Bon voyage aussi, c’est dommage que tu ne sois pas resté plus longtemps à Dakar. De toute façon tu es en de bonne main, et en plus tu es au cœur du centre ville
- C’est comme si on était sur « Crescent » ?(rue très branchée a Montréal)
- Bon exactement, c’est comme si tu étais sur Crescent
- Alors dans ce cas ca va, on va attendre minuit pour sortir.
On retourne s’assoir à la table, j’entends la française qui demande à Tamsir « ce sont des Haitiens ? » On engage la conversation, ils me disent qu’ils ont visité Haïti il y a plus de 30 ans et qu’ils allaient danser Tabou Combo au Lambi night club… Le bon vieux temps.
Ils me demandent ce que je pense du chanteur, le nouveau président. Je leur réponds que je lui donne 15 jours. A mon retour en Haïti, je vais savoir s’il est sérieux ou non. Il y a tellement de cas problématiques ici, en quinze jours on va savoir à quoi s’attendre. Ils vivent au Sénégal depuis 14 ans, ces français semblent bien connaitre l’Afrique, je me mêle entre les Guinée et les Congo, on parle des « ninja » du congo Brazaville, des trafiquants de drogue qui sont en Guinée Bissau. Le Mali qui commence à dériver, même si ATT (Amini Toumani Toure ) est un type très bien.
Frantz questionne Tamsir à propos d’une toile qui est accrochée au mur, c’est un ami qui l’a fait. En fait c’est un Haïtien lui aussi. Il est né au Canada de père sénégalais et de mère haïtienne et il vit maintenant au Sénégal. Il recycle du plastique, il s’appelle Stephan d’ailleurs il va passer ce soir.
Stephan arrive, Frantz teste son créole. Il parle correctement. Il nous raconte un peu comment il a atterri ici, car il s’emmerdait au Canada. La, il recycle du plastique, il les achète, les emballe et les envoie en Chine. Il me demande ce que je suis venir faire ici.
- Tu as fait des panneaux solaires à Mekhe ?
- Oui on en a deux avec nous qu’on doit ramener en France pour les tester. Ils sont la, dehors, avec nos valises.
- Tu as acheté le matériel ici ?
- En parti, les composantes les plus importantes, je lais ai amené dans ma valise.
- Ca couterait combien pour que tu reviennes faire ca ?
Alors la, koze mande chita.
On commence à parler business. Stephan demande à Tamsir de nous amener un ordinateur. Visite réciproque de site web. Stephan me dit qu’il cherche un partenaire pour le solaire. Car les coupures sont de plus en plus fréquentes ici. Le solaire a de l’avenir au Sénégal. Il regarde nos lampadaires et est intéressé à avoir quelques prototypes. Il me demande d’éliminer le mat. Et me demande si c’est possible de le remplacer avec du plastique. Bien sur que c’est possible mais ce sera plus vénérable.
Il me demande de le suivre et se dirige vers l’escalier. Il me montre un morceau de plastique qui ressemble à une couverture d’égout et me dit que c’est aussi résistant que du béton ! C’est avec ca qu’il veut faire le mat. Il m’explique la stratégie qu’il va utiliser pour rentrer dans le solaire au Sénégal.
Adieu boite de nuit.
La conversation, est extrêmement intéressante et prometteuse. On échange les coordonnées et je lui promets de lui écrire une fois que j’en aurai parlé à mes associés. Frantz qui avait écouté la conversation me dit que je ne dois pas jouer avec une telle opportunité.
Il est 2h30, le Big Five ferme. Tamsir va nous amener à l’aéroport. Il décide de ne pas prendre l’autoroute. Il va passer par la « Corniche », une route nouvellement construite qui longe le bord de mer avec des beaux quartiers, quatre voies, tracée, éclairée avec de nombreux embranchement. On passe devant les bureaux de la Banque Mondiale. Un peu plus loin, c’est la statue du « Monument de la Renaissance Africaine ». Offerte par la Corée du Nord.
Tu veux dire la Corée du Sud.
Non, la Corée du Nord et il me dit que c’est plus grand que la Statue de la Liberté !
J’ai un ami marin qui a été en Corée du Nord, il dit que c’est pire qu’en Haïti avec un régime oppressif en plus.
Arrive à l’aéroport, je le remercie et je prends ses coordonnées. Les chances que je revienne au Sénégal ont substantiellement augmentées.
L’aéroport est ouvert 24h sur 24. Il n’y a pas beaucoup de gens. Les types qui veulent nous aider à transporter nos valises sont beaucoup moins agressifs. On rentre pour enregistrer nos bagages, le vol est à 5h40, presque 3 heures d’avance. Arrivés au comptoir, la fille nous dit que nos panneaux ne pourront pas aller dans la cabine. Je lui dis pas question, c’est fragile. De plus il faudra les changer d’avion à Casablanca.
- Je lui dis que je suis prêt à donner ma place aux deux panneaux.
- Ca doit être important alors
- Oui on a traversé l’océan pour ca, si ca casse notre voyage est inutile.
- Comment se fait-il que les musiciens montent avec leur claviers c’est plus gros qu’un panneau ca ?
Elle ne sait pas quoi répondre.
Je demande à voir le superviseur. Il est en haut. Je vais à son bureau, il demande à voir les panneaux. On sort sur le balcon pour les voir, ils sont avec Frantz dans la grande salle.
- Non non, c’est pas possible, c’est trop gros !
- Et les instruments des musiciens ? un clavier c’est plus gros que ca
- Les instruments de musique sont acceptés par le code international de l’aviation.
Bon, nou nan ka !
Son assistante me dit de voir si je peux trouver un caisson rigide pour les mettre. D’aller voir du coté des antiquaires. Seulement il est 4h du matin, en plus on est dimanche. Il y a le service fret mais elle doute fort que ca soit ouvert à cette heure. Je sors quand même de l’aéroport pour voir ce que je peux trouver pour protéger les panneaux. Nada !
La seule option qui nous reste, c’est la soute à bagages, avec tous les risques que ca comporte. Nos panneaux sont identifies « très fragile », Frantz mets les 2 boites face à face et les emballe avec du plastique. Il est confiant que ca va résister ! Bon au point ou on en est !
Jan’l pase l pase.
On se dirige vers la salle d’embarquement. On passe les formalités, on attend quelques minutes avant que l’embarquement commence. Un bus nous amène l’avion. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, arrivé à mon siège, je mets ma ceinture et je m’endors. Bien avant le décollage…
FIN.
P.S.
Les panneaux sont arrivés sans problèmes. Je les ai remis à M. Khaled de l’Ecole Polytechnique Féminine (EPG) à Paris. J’ai rencontré les étudiants qui vont faire les tests. Je leur ai fait des présentations sur le Projet Kayer et ENERSA. Les tests qu’ils vont faire, sont des tests en conditions réelles au soleil. Ils vont comparer nos panneaux avec des panneaux achetés en France à différents angles d’inclinaison. Ensuite M. Bouazizi professeur à l’EPF et chercheur à l’Institut National de l’Energie Solaire va ensuite prendre les panneaux pour effectuer des tests plus poussés en laboratoire, vieillissement accéléré, simulation atmosphérique etc.
Passionnant récit mon vieux !! Ou make FIN epi m'santi m ta li toujou !!!!!!!!
RépondreSupprimerContente que le produit fini soit arrivé sans encombre à destination :-)
Sanble ENERSA leve atè a wi laa !! BON BAGAYYYYYY !!!!
Au revoir... until next time ;-) M'pral tcheke www.huffingtonpost.com la la'a pou'm m wè si nou la hehehe
PS "Ingénierie appliquée yoga" HAHAHAHAHAHA, sa'a bon nèt !!!
NPG
Bon, ou te pran nou depi nan ayopo PauP la epi le w'ap tounen, ou lage nou Dakar !!! Ki pawòl saa !! Monchè, relage-m PauP tande frè'm. Bagay la pa ka fini sèk konsa ...
RépondreSupprimerNPG
Oh, cousin, c'est déjà terminé! Mais de cette façon là, tu peux nous faire visiter tous les pays d'Afrique et même continuer du côté de l'Asie. Hormis la pente du jean-Ronelisme trivial, entend l'obsession anti religieuse, on a bien plaisir à te suivre. C'est rédigé avec beaucoup de regard, de sensations, de présence, d'attention aux "petits faits vrais", comme dit Stendhal. Je me suis passionnée! J'espère la suite au prochain voyage.
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