lundi 30 mai 2011

ENERSA WAKA WAKA: JOUR 8

Je prends mon téléphone, il est 3h28 (heure d’Haïti), donc 8h28 au Sénégal.
Frantz leve non papa !
Aujourd’hui c’est jour de prière, il y a un imam qui chante dans un haut-parleur qui crache une espèce de  son « yen-yeeeennnnn » où chaque fin de mot, ou de phrase est étirée de 5 ou 6 secondes ! En plus la voix est nasillarde.
On doit se dépêcher, car on doit rattraper le temps perdu hier.  Frantz va sous la douche et j’en profite pour écrire quelques lignes.  Je me suis dit que c’est jour de prière aujourd’hui, donc il se peut que les gens ne viennent pas  l’UGPM aujourd’hui. Je m’étais trompé, Khadim est déjà là. Frantz va le rejoindre pour commencer à travailler.  Je dois enlever la barbe de la semaine, j’avais acheté un rasoir dans une boutique avant-hier. Pour 100 F je ne m’attendais pas à un rasoir « triple action » de Gilette, mais je ne pensais pas que j’avais acheté une pince non plus ! Tant bien que mal j’arrive à « arracher » les poils. Je sors me mettre au travail, Djibbi est là aussi. On met les panneaux dans les cadres, on commence à en souder de nouveaux. Il ne nous reste qu’aujourd’hui et la matinée de demain.  Si je veux aller voir Gorée, on doit laisser Mekhe au plus tard à 14h00.
Pendant qu’on est en train de travailler, je demande à Djibbi si cet imam ne se fatigue jamais, il est presque 11h00 et il n’a jamais arrêté. Djibbi m’explique que c’est une cassette qui récite les versets du Coran et que c’est comme ça tous les vendredis. Une chance que c’est une cassette, sinon j’aurais aimé voir à quoi ressemble cet homme.
Assane, me dit qu’il doit interviewer un ingénieur et il aimerait que je sois là aussi. J’accepte. Le type est à la station d’autobus, il a appelé pour savoir où se trouve l’UGPM. Je demande à Assane de me montrer son CV. Il a étudié à Thiès, a fait un master en France et travaille dans une PME d’énergies renouvelables, il veut retourner chez lui. Un ingénieur qui vit en France et qui prends le bus pour venir passer une interview dans une petite ville de province ! Wow. C’est comme si en Haïti un ingénieur qui travaille aux Etats-Unis, prenait le bus pour aller passer une interview à Marchand Dessalines.
Le type arrive, Assane me dit de venir le rejoindre au bureau. L’entrevue se passe en français, Assane lui explique qui je suis. Le type nous parle de son parcours et de ses expériences. La première question d’Assane c’est pourquoi il veut rentrer au Sénégal ? Le Sénégal étant actuellement victime d’une Traite des Cerveaux principalement au profit de la France et du Canada. Abdoulaye nous dit qu’il a reçu une bourse du gouvernement  pour aller étudier en France et revenir travailler au profit du Sénégal, et que ce serait malhonnête de sa part de rester en France. Si c’est ça, le tiers-monde est bourré de gens malhonnêtes...
A la fin de l’entrevue, Assane lui donne quelques projets sur lesquels Kayer travaille et lui demande de lui faire des propositions.  C’est l’heure du diner, notre ami est invité à s’asseoir autour d’un bol dans la cour. La Teranga.  Assane me demande ce que je pense de lui. Il est qualifié mais il ne semble pas trop intéressé à aller sur le  terrain, à plusieurs reprises, il a mentionné que son travail c’est de concevoir et que ce n’est pas à lui de connecter les fils. Ce qui sous-entend qu’il n’est pas prêt à aller passer 4 jours à Thiel.
A 14h00 on a rendez-vous avec Abdallah pour qu’il nous amène au marché. Ca m’étonne qu’il nous ait donné rendez-vous à l’heure de la prière.
On sort, il y a plein de sacs sur le bord de la route, je pensais que les gens les avaient laissés là pour aller prier mais en regardant de plus près, ce sont des poubelles. Il y a un service de ramassage d’ordure à  Mekhe !

On arrive chez Abdallah. Il habite dans un « lakou » moderne, les cases en paille ont été remplacées par 6 maisons. Une fille qui baragouine quelques mots de français nous indique de nous asseoir, Abdallah est allé à la mosquée et on peut l’attendre. Je lui dis qu’on va à la grande mosquée, on va revenir. Je veux prendre quelques photos des centaines de fidèles en train de se prosterner. C’est facile de trouver la mosquée, il suffit d’aller en direction du minaret. Arrive à l’ancienne gare ferroviaire, on rencontre un groupe d’hommes qui retournent chez eux, à voir leur accoutrement, ce sont surement des fidèles. Ite misa es. Pas la peine de continuer, on retourne chez Abdallah.  Il est déjà de retour, la prière dure 15 min ! Lui aussi il a mis son « ti dimanch » pour aller prier. On n’a pas beaucoup de temps, je lui dis qu’on doit faire vite.

On arrive au marché, tout est pratiquement fermé, c’est vendredi ! Il faudra revenir demain. Frantz cherche une chemise, Abdallah dit qu’il a un ami qui peut lui en coudre une. Pour rentrer plus vite, on prend une charrette.










Abdallah nous explique qu’à cause de la diaspora, le cout de la vie augmente à Mekhe. Ils ont beaucoup construit en 10 ans. Les prix des terrains sont inabordables, c’est environ 800 000 F. Pardon ! Ca ne fait même pas 2 000$ US.
On accélère la cadence, on doit faire le maximum de panneau possible. Je vais sur internet pour trouver quelques documents pour Khadim. Je discute avec Assane également concernant  le voyage de demain. Il me dit que Diagne va nous amener, c’est lui qui connait le mieux Dakar. Frantz continue à travailler avec les autres. Vers 18h00, ils rentrent chez eux, on continue à travailler jusqu'à 20h00. On rentre se laver puis on va à notre petit resto, Le St-Louisien.
Comme d’habitude ? nous demande la fille.
Comme d’habitude.
Elles sont encore là devant la télé, il y a un débat entre deux personnages cette fois. Surement une émission politique. C’était presque fini, le débat fait place à une « tele novela » indienne.
J’appelle Ibrahim, pour lui dire que ma semaine était remplie et qu’on se verra une prochaine fois. Il m’avait dit qu’il partait le lendemain. Je lui ai dit qu’on sera à Dakar demain car on doit aller à Gorée, il me dit que lui aussi il doit s’y rendre. En fait, il part dimanche matin à 8h00 un peu après nous. Donc c’est possible de se rencontrer demain soir à Dakar. Il me dit de l’appeler demain.
Entre temps on nous amène notre poulet. On finit de manger et on s’en va.
Elle nous lance un "à demain" inch Allah.
Non, pas demain. Demain on part.
Quand vous allez revenir alors ?
Surement.
On passe au cyber café, Fallou est là cette fois-ci. Il était parti à l’école. Abdallah a amené la chemise de Frantz, une espèce de « robe à carreaux » ha ha ha ! Fait sur mesure donc, li pa ka pa  pran’l. On prend quelques photos avec nos amis du cyber. On leur promet de passer avant de partir et on rentre, demain on a une demie journée pour travailler.

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