mercredi 25 mai 2011

ENERSA WAKA WAKA: JOUR 1

Le 19 mai à 4h00, on nous dépose à l’aéroport de Port-au-Prince, le vol est à 17h50. Destination Sénégal. Je voyage avec un de mes employés, Frantz Derosier. Il est assez calme pour son baptême de feu en avion, on s’enregistre, on passé les formalités douanières et on s’installe dans la salle d’attente.
Le temps  est couvert, il y a une grosse pluie qui s’annonce. J’espère qu’on aura le temps de décoller avant. Malheureusement non! La pluie a commencé avant le signal d’embarquement, une vraie pluie tropicale.
Dernières vérifications avant de monter dans l’avion, ensuite on monte dans le bus qui doit nous amener à l’avion. Air Caraïbes n’a pas d’accès à la passerelle, il nous faut donc monter par l’escalier- non couvert! La pluie n’a pas baissé d’intensité, ça fait 20 min qu’on est dans le bus, quelques passagers et moi demandons que le bus nous amène à l’avion, on montera l’escalier sous la pluie, aucune raison de rester planter là. Le contrôleur accepte et le bus démarre. On se précipite sur l’escalier pour ne pas être trop trempé.
Dernières vérifications des membres de l’équipage et on s’installe à nos places. La pluie est toujours aussi forte mais on a terminé l’embarquement.  A 19h40 l’avion décolle enfin. Port-au-Prince – Paris sans escale.
Frantz est étonnement calme pour un premier voyage. Je le regarde au moment de l’ascension, il ne se cramponne pas, malgré les zones de turbulences, car la pluie n’a pas cessée. J’ai vu un avocat beaucoup plus stressé que ça ! Il me dit qu’il n’aime pas la sensation de chute libre! Je lui montre comment utiliser l’écran qu’il a devant lui pour choisir un film c’est tout.
On nous sert à manger, Frantz ne peut terminer son plat! Ca se comprend. Un membre de l’équipage nous dit qu’il y a de la place derrière et qu’on peut changer de siège pour être plus à l’aise. Je laisse Frantz et je m’installe sur 3 sièges. Je lui conseille de dormir un peu car la route sera longue. Je m’endors un peu, à mon réveil Frantz dors également. Finalement il se réveille, il fait encore nuit. On discute un peu des informations atmosphériques affichées à l’écran. Dire que Noé était à 29 000 pieds d’altitude dans un bâteau en bois à -40 degrés! Sacrée technologie pour l’époque!
Je retourne à ma place pour continuer à dormir. A mon réveil, il fait jour, il nous reste 1h30 environ avant d’arriver à Paris. Je vois un type qui vient des fois à Presse Café. Entre pressecafique, on se connait. C’est un Haïtien qui s’appelle Frantz également, il vit à Paris. Il me file sa carte et me demande de l’appeler à notre retour. On reste 3 jours à Paris au retour.
L’équipage nous sert le petit déjeuner, Frantz n’a toujours pas d’appétit. Il regarde par le hublot car on est au-dessus de la France maintenant. Finalement on atterrit à Orly à 11h00, heure locale. Il est 4h00 du matin à Port-au-Prince. On passe les formalités douanières, on vérifie bien que nos valises sont en transit pour Dakar et on va aux informations. Il est 12h30 et le vol pour Casablanca est à 19h20! On a trop de temps pour l’escale et pas assez pour la ville. La dame m’explique les différentes options pour me rendre au centre de Paris. Je prends la plus sure. Le car Air France qui nous dépose à la place de l’Etoile et a un départ toutes les 20 minutes. Le Guinéen qui met les bagages dans le bus nous dit que c’est la meilleure option pour être sûr de ne pas râter le vol. Mon portable a fonctionné pour quelques minutes, même le service Blackberry marchait et puis dans le bus, plus rien! J’ai eu le temps de contacter Stéphan à NY, il m’a envoyé le numéro d’Ibrahim qui, par chance, se trouve actuellement à Dakar. Ibrahim a été à l’université avec nous à Montréal.
Le bus démarre, presque vide. Première remarque de Frantz, le bus démarre à l’heure peu importe le nombre de passagers! Il regarde par la fenêtre, très pensifs…
Il se retourne vers moi et me dit “Bòs, nou lwen dèyè wi”. Je lui ai dit d’attendre un peu car on est encore loin du cœur de la ville. Le bus nous dépose devant l’Arc de Triomphe, le trajet dur 1h00, on doit quitter au plus tard à 16h00. Voir la Place de l’Etoile à la télé et la voir en face sont deux choses différentes.
En fait le cœur de Paris est comme un musée géant où chaque maison est une pièce de collection. Regarder les Invalides en face, c’est vraiment impressionnant, une superbe œuvre architecturale. Il faut savoir que je ne suis pas très “artistique”, mais ça c’est autre chose. On surveille l’heure, il faut manger avant de retourner à l’aéroport. On rentre dans un petit restaurant bondé, la plupart sont des touristes Espagnols. Deux Africains nous invitent à nous asseoir, ils essaient de deviner d’où nous sommes. Ils ne reconnaissent pas notre accent. Quand le premier apprend qu’on est Haïtien, il nous parle de notre nouveau Président et nous dit qu’il attend beaucoup de lui! Il me demande ce que je fais à Paris, je lui dis qu’on va à Dakar pour donner une formation sur la fabrication des panneaux solaires. Il se présente : Octave, travaille à l’ambassade du Togo, il dirige une ONG et me demande si je serais intéressé à venir au Togo pour faire la même chose! Je lui file une carte, et lui dit d’aller voir notre site : “On ne vend pas du solaire, on vend un modèle de développement. Envoyez-moi un courriel”. Voyage au Togo bientôt?
On va voir de plus près l’arc de Triomphe, des centaines de touristes sont là en train de prendre de photos! Je me suis dit qu’on a une Citadelle que même les Haïtiens ne vont pas visiter, ils connaissent Miami, New-York, Saint-Domingue mais n’ont jamais visité le plus grand fort de la Caraïbes! En plus ils en parlent le plus normalement du monde sans aucune honte. La honte est un sentiment noble disait Marx.
Le temps avance, on reprend le bus pour retourner à l’aéroport. Le bus passe devant “les Invalides”, encore une fois la vue est magnifique! Quarante minutes plus tard, on est de retour à Orly sud. On s’enregistre au comptoir de la RAM direction Casablanca. On me fouille au poste de sureté, mon carry-on contient une boite de cellules photovoltaïques! La dame passe le tissu, puis le met dans la machine! Bon ! Ce n’est pas de la matière explosive. On prend le vol pour Casa avec quelques minutes de retard. Je suis crevé, j’ai dormi tout le long du vol, je me suis réveillé à l’atterrissage. Le douanier marocain a encore vérifié mes cellules. Une heure d’escale avant d’embarquer pour Dakar. Mon portable fonctionne mais je n’ai plus de crédit. Je ne peux envoyer de SMS en Haïti. Par contre pas de service blackberry.
Vol sans aucun problème. On discute avec notre voisine, une étudiante sénégalaise qui vit à Bordeaux. Je dors un peu dans l’avion et je me réveille lors de la descente. Finalement samedi 21 mai, à 1:00 heure locale, on atterrit à l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Il est 20h00 à Port-au-Prince.
On remplit les papiers, on passe l’immigration sans trop de questions. On va récupérer les bagages. Après 1h on est bien obligé de constater que la valise de Frantz n’est pas rentrée! C’est assez embêtant car c’est lui qui a les filaments de cuivre. Je vais au service de bagages, je remplis les papiers, la fille me dit qu’il y a un vol qui arrive à 5h00 peut-être que le bagage y est. Je demande à faire un appel, j’appelle Diagne, le chauffeur qui doit venir nous chercher, il est dehors il attend. Je sors, mon carry-on passe au scanner, le douanier me demande ce que c’est ? Des cellules photovoltaiques.
Mon téléphone marche, mais je n’ai plus de crédit. On sort, en principe Diagne doit avoir une pancarte, je ne le vois pas. Scène familières, des chauffeurs de taxis, nous demande où on va. Des gamins veulent nous vendre des puces GSM, je leur dis que j’attends quelqu’un. Il y en a un qui me dit de lui donner le numéro, il va l’appeler. Il y a un gendarme qui arrive, petit mais très autoritaire.
-           Qu’est ce qui se passe?
-           C’est rien, ils sont juste en train de me donner un coup de main.
Il semble que la police ne tolère pas qu’on dérange les étrangers. Le flic reste planté la. Diagne répond, il nous fait signe qu’il nous voit. Lorsqu’il arrive vers nous, à ce moment, le flic nous salue et s’en va.
On suit Diagne jusqu’ à sa voiture. Comme à la maison, il y a des mecs qui veulent tirer les valises, ils veulent nous aider à les mettre dans la voiture. Je demande à Diagne quoi faire. Il me dit donne 1 000 francs à celui qui l’a appelé. Je n’ai pas des francs, alors je lui donne 2 euros. Un type m’a proposé une puce GSM pour 5 000 francs avec 3 000 francs de crédit, Diagne me déconseille de l’acheter! Frantz à un peu d’argent sur sa carte, j’envoie un SMS à Port-au-Prince pour qu’on renfloue nos téléphones.
On quitte l’aéroport, j’entends un coup de sifflet de la police. Diagne ne s’arrête pas! Oh, Oh. Au prochain carrefour, un flic lui fait signe d’arrêter. Celui au sifflet arrive aussi, Diagne doit descendre. Dialogue en wolof, tout va bien, on l’a pris pour quelqu’un d’autre. On peut repartir, on prend une autoroute à 6 voies qui rappelle plus les routes des villes nord américaines que celles d’un pays du tiers monde: tracée et éclairée. On refuse le centre de Dakar, on prend direction Thies. A la sortie de la ville, la route est redevenue à 2 voies. Il est 3h00 du matin, mais je vois quand même que la route fait moins tiersmondiste. Les immeubles qui la longent sont un peu plus business. On passe devant une énorme cimenterie! Il y a des autostoppeurs en pleine nuit un peu partout sur la route! Quand on passe dans les villages, on voit les tréteaux des marchandes, là on reconnait le Tiers monde. Bizarre, les fruits sont là sur les étagères!
J’ai du mal à garder les yeux ouverts, je m’endors. Lorsque Diagne me réveille, on est devant la barrière de l’UGMP (Union des Groupements des Paysans de Mehke) ceux qui nous ont fait venir. Le gardien nous ouvre, il est presque 5h00 et le muezzin vient de lancer l’appel à la prière. Le gardien nous montre notre chambre, une petite chambre avec uniquement quatre lits, des moustiquaires et un ventilateur au plafond. Il nous indique les douches et les toilettes. Des toilettes turcs (comme des latrines en porcelaine) pas de papier, on se lave avec la main gauche (pas la droite) comme c’est écrit dans le Coran. Après plus de 24h00 de voyage, pas vraiment le temps de faire “l’intéressant”. Je mets mon moustiquaire et je m’allonge.

4 commentaires:

  1. Bòs la, konbyen fwa ou gent an sèvi ak men gòch la menm ??? Se sa ki pi entrige'm mwen menm HAHAHAHAHA, Tèt chaje !!!
    NPG

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  2. Histoire tres interessante, map tann Togo...

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  3. Grand tu t'es fait avoir avec l'euros à 625 FCFA et si tu donnes à tous les mendiants tu vas y laisser des plumes !!!

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  4. Je me souviens, c'est vrai, Paris fait l'effet, en la découvrant, d'immense musée à ciel ouvert

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