mercredi 25 mai 2011

ENERSA WAKA WAKA: JOUR 2

Je me réveille à 11h00, (6h00 à Port-au-Prince). Toujours pas d’argent sur mon portable. J’entends des gens dans la cour, des femmes en tenue traditionnelle. Une qui tisse une toile et les autres qui font à manger. Je demande pour Assane, le responsable solaire à la Kayer, il est en réunion. Je ne veux pas déranger la réunion, ils sont des dizaines dans la salle. Je vais attendre. Bon, je retourne dans la chambre. Frantz dort encore.
Je décide d’aller faire un tour dehors. Deux objectifs: un convertisseur 110/220 et une carte GSM.
Je m’arrête à la boutique d’en face, la fille ne parle pas français. En plus elle me fait comprendre qu’elle n’a plus de carte. Je marche un peu plus loin, je vois une pancarte TOTAL à 500 m. La station d’essence a surement “la boutique”. Je longe la route en sentant tout les regards sur l’étranger qui se ballade avec sa caméra. Le soleil est comme à la maison, ça ne dérange pas trop. Je transpire comme d’habitude, rien de nouveau de ce coté là. Arrivée à la station, je demande si je peux échanger des euros contre des franc CFA. Le type me dit 625, je lui ai dit que le taux official c’est 650. Il insiste 625. OK je change 50 Euros. J’achète deux bouteilles d’eau pour 800 francs. Je traverse la rue pour acheter une puce GSM pour 1 000 F avec 1 000 F de crédit inclus. Diagne avait raison ! Je demande pour un convertisseur, le type m’indique une quincaillerie plus loin. Je me fais accoster par un mendiant, il veut prendre un bus pour rentrer chez lui, il a besoin de 150 F. Je lui donne ma monnaie de 200 F.
J’entre dans la quincaillerie, ils vendent des convertisseurs, je vais pouvoir recharger mon téléphone et mon ordinateur portable. En rentrant au Centre de UGPM, j’ai fini par voir la différence avec la route nationale chez nous. Ce n’est pas comme l’autoroute à Dakar, c’est une route à 2 voies, mais à la différence que les maisons ne sont pas collées sur la route, il y a au moins 10 mètres de distance! Et ça donne une impression plus dégagée, moins bidonville.

Je rentre dans la chambre, Frantz dort encore. J’essaie de me connecter à Internet, mais ça ne marche pas. Je vois le réseau de UGPM, non sécurisé, mais je n’arrive pas me connecter. Je branche mon téléphone et je m’allonge.  Il y a du bruit dehors, Assane se présente enfin. C’est l’heure du diner, les femmes portent de superbes tuniques africaines. Assane m’explique qu’il y a un congrès sur l’avenir des exploitations agricoles familiales et qu’on se voit après, vers 15h00. Entre temps on va manger, Assane nous amène des cuillères. C’est l’heure de tester la Teranga, la fameuse hospitalité sénégalaise. Je lui demande pourquoi faire. J’insiste, je mange à la traditionnelle, un plat commun par terre avec la main droite (jamais avec la main gauche, vous comprenez pourquoi j’espère). On prend une poignée de riz avec la main droite on la presse jusqu'à en faire une petite boule avant de la manger. Mes hôtes disent que Frantz est plus doué que moi pour manger à la sénégalaise.
J’explique à Assane que nous devons retourner à Dakar pour la valise de Frantz sinon pas de panneaux solaires. Il me demande d’attendre la fin de la réunion. On retourne se coucher dans la chambre en attendant la fin de la réunion. On se réveille, il est 18h00 passé, il y a quelques paysans qui sont venus pour le congrès et qui logent dans le centre également. Assane est sorti mais il va revenir. On discute avec les gens, toujours pas, d’Assane. On décide de sortir pour aller manger, un Sénégalais assez âgé nous dit de faire attention. D’après ce que j’ai lu, il n’y a pas de bandits à Mekhe, mais il nous dit de faire attention aux escrocs.
OK !
Le soleil est déjà couché et la nuit est plus fraiche, 22 degrés tout au plus. Frantz a pris sa veste. Par contre, le jour, il fait aussi chaud qu’en Haïti.
On passe devant un cyber café où on joue du zouk. Du zouk en wolof !  Histoire de briser la glace et de joindre l’utile à l’agréable, je prends une connexion pour 30 minutes. Ca coute 150 F. La connexion est trop lente, j’arrive à peine à me connecter sur yahoo. Mes 30 minutes passent, on engage la conversation avec le gérant du cyber café, un jeune pas plus de 25 ans. Histoire de tester la Teranga. On lui explique qui on est et qu’on cherche un restaurant pour manger. Il nous dit qu’il y en a un un peu plus loin sur la route, il suffit de marcher tout droit.
-Qu’est ce qu’il y a faire un samedi soir à Mekhe ?
- Vous voulez aller en boite ?
- Si possible oui
- Vous êtes où ?
- On loge à l’UGPM.
- OK je passe vous prendre à minuit.
- OK, on va manger on te fera signe à notre retour. Tu nous conseilles quoi comme plat ?
- Vous aimez le poulet ?
- Oui
- Alors prenez le poulet
- OK à tout à l’heure.

En marchant le long de la route nationale à la recherche du restaurant, Frantz m’avoue qu’il a du mal à croire qu’il est en Afrique ! C’est comme si j’étais dans un rêve me dit-il et que j’allais me réveiller à Port-au-Prince. Il est 10h00 passé, il y a beaucoup d’activité sur la route, beaucoup de marchandes de thé, les petits magasins sont encore ouverts, les bus sont en train de se remplir. On trouve un restaurant un peu plus loin, on est les seuls clients, on commande 2 poulets. Riz blanc pour moi et frites pour Frantz. J’explique à Frantz qu’à part la langue c’est la même chose. Pas besoin de changer de mode de vie vraiment ici.
On fini de manger, on repasse devant le cyber café et on dit à Abdallah qu’on l’attend à l’UGPM. Ici, les « magasins » sont encore ouverts, il est plus de 23h00. En grande majorité des magasins de chaussures.
Dans le centre, on s’installe avec nos voisins dans l’autre chambre. On discute de politique, ils nous parlent de notre nouveau Président, le chanteur. On parle du Président Wade qui joue avec la constitution pour garder le pouvoir. Contrairement à ce que dit l’Opposition, Wade a vraiment gagné aux dernières élections. Il veut se faire remplacer par son fils Karim, mais les gens ne le veulent pas. Il a été battu aux élections pour la mairie de Dakar. Les Sénégalais ne veulent pas d’une succession dynastique. Le plus âgé nous dit que Wade a bien travaillé quand même. Dakar avant et maintenant ce sont deux villes différentes. J’espère qu’on aura le temps de visiter la capitale. Par contre ils me disent qu’il a échoué dans le monde rural. Mais il a promis l’autosuffisance alimentaire en 2015 je crois ? Ils me disent que ce ne sera pas au profit des paysans. Bon je n’insiste pas trop.
Abdallah est arrivée, les Sénégalais le « convoque ». Dialogue en wolof. J’ai bien compris le sens de la conversation, nous sommes leurs invités et donc il doit faire attention. Mais la ville est sure, je n’ai même pas vu un policier durant la journée. Abdallah habite tout près, on va chercher deux de ces copains. Le temps de changer ses chaussures et on part. Il y a 3 de leurs copines qui sont derrière la barrière entrain de nous attendre. Bon ici, dans un pays islamique, on est assez loin de la Charia. Leur accoutrement, petites jupes, robes et T-shirt moulants rappelle un peu plus Miami Beach que Ryad. Je me demande comment on peut se balader comme ça dans un pays musulman. Je ne suis là que depuis 24h00…on verra.
On quitte la nationale pour rentrer dans le village, le sol est sablonneux avec quelques vestiges d’asphalte par endroit. On passe devant l’Hôtel de Ville, la grande mosquée, le marché, l’ancienne gare ferroviaire pour finalement arriver devant la boite. Il y a plein de jeunes dehors, tout le monde attend. C’est comme ça ici ! On attend pour voir si ça sera bon pour rentrer. Les filles rentrent d’abord, ensuite elles ressortent ! Finalement Abdallah nous dit qu’on peut rentrer. 700 F le billet.
La boite est presque vide. Une grande piste rectangulaire moins de 100 mètres carrés, un podium légèrement surélevé de 2 marches, une boule lumineuse au sol!! (m’mande kijan yo pral fè pou pa choute’l) et deux haut-parleurs qui grésillent légèrement. Les bancs sont en béton le long du mur. Pas de ventilateur, avec quelques fenêtres pour l’aération. Ca fait un peu bunker.
Ici le style « pantalon anba mouda » s’est imposé également ! La machine de l’acculturation américaine broie tout ce qui passe.
Au fur et mesure la boite se remplit, le DJ a retiré la boule au sol, heureusement, le zouk sénégalais est remplacée par la mbala, une musique traditionnelle. Mes amis me disent d’aller danser, j’observe avant de me lancer sur la piste, en fait je vois que c’est du « free style » ! Pas très compliqué. Je monte sur la piste en faisant des mouvements dans tous les sens. M’ap fè makak ! Nos amis disent que je me débrouille pas mal. Frantz est timide. Il ne fait que rigoler en me voyant danser le mbala.
La musique change au zouk ! Les gens ne savent pas danser le zouk ! Ils font du plogue ou du semi-plogue ! Les filles se déhanchent pas mal mes les hommes ont du mal à suivre. A voir des jeunes musulmans enlacés ainsi, le Prophète doit se retourner dans sa tombe. Ici, c’est la guerre pour trouver une partenaire, la proportion est de 5-6 hommes pour une fille ! Une fille qui passe devant moi se fait attraper par 3 types ! Yo chak ap rale’l sou bò pa yo. ha ha ha ! Elle fini par sortir de son guêpier pour se faire harceler par d’autres…
Abdallah me présente une de ses copines, je n’ai pas trop bien saisi son nom, peu importe. Je la prends pour aller danser. Mon style est complètement nouveau pour elle. Elle n’a pas l’habitude de circonvolution, elle est un peu raide. Bon ! Je n’arriverai pas à déployer mon art. Mon style « design » attire un peu l’attention, les gens me regardent danser ! Frantz vient me dire de ne pas monter le niveau pour éviter des problèmes, bon je n’ai pas vraiment le choix, la cavalière n’étant pas de taille.  Entre temps, le club s’était rempli, la chaleur se fait sentir, après 3 danses, mon T-shirt a atteint son état normal c'est-à-dire complètement trempée. On va acheter à boire, pas d’alcool ! Uniquement coca, fanta, et kola. L’islam est à géométrie variable ici! Les gens ne consomment pas, habituellement, le bar est là où le propriétaire se fait de l’argent mais ici, on dirait que non.
La chaleur est étouffante et j’ai du mal à trouver une fille pour danser. Ca ne vaut pas la peine de rester. M’di nèg yo an’n ale. En marchant, je fais la remarque sur l’accoutrement des filles à Abdallah, il me dit que des fois elles sortent avec d’autres vêtements et vont se changer chez des copines ! Islam ou pas, les techniques de ruses n’ont pas changé.
On arrive à l’UGPM à 3h00 du matin, le gardien n’avait pas mis le cadenas. Nou rantre n’al domi.

3 commentaires:

  1. Assez rigolo ton blog! L'Islam a geometrie variable!!!

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  2. Il aurait été dommage que tu ne découvres pas Meckhe "by night" ! Cela vaut le déplacement non ?

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  3. Ben oui, forcément, cousin, ça tombe sous le sens, l'islam n'est pas partout pareil...

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